Discours de Marie Laure Anselme-Martin

Madame, Chère Geneviève, mes chers Enfants et chers amis,

Ce 29 septembre, fête de la Saint-Michel, Fête des Chevaliers, est pour un moi, un jour chargé de mémoire, de reconnaissance et d’amitié, autant de sentiments forts et porteurs de sens.

Mémoire

Car je suis dans cet instant où je viens d’être décorée par vous, Madame, de cette prestigieuse insigne de la Légion d’Honneur, en parfaite communion avec ma famille, cette famille qui m’a montré à travers deux générations, le chemin à suivre dans une démarche d’altruisme.

Cette décoration, je la reçois avec mon Père [Gaston Anselme-Martin], chef de clinique à la Faculté de Montpellier, spécialiste en médecine interne par ses titres et travaux, qui a donné 53 ans de sa vie à ses malades, alliant compétences et humanités.

Cette décoration, Je la reçois avec ma Mère [Adrienne Beranger] à la bonté légendaire, vénérée par ses petits enfants, la compagne parfaite dans la discrétion et l’efficacité, gommant toutes les entraves du quotidien à ce sacerdoce médical.

Ce tandem parfait a façonné mon enfance et mon adolescence, m’a montré l’être et non le paraître et transmis ce superbe message, de respect du plus faible, de celui qui est malade.

Cette décoration, je la partage aussi avec mes grands parents, eux aussi acteurs de santé, pharmaciens d’une autre époque où le conseil et les préparations magistrales faisaient le quotidien, avec mon époux médecin Jean Piglowski nommé, à la DRASS du Languedoc Roussillon sous votre Ministère et avec ma famille médicale des deux générations suivantes, tous diplômés de cette université Montpelliéraine.

Mais me suis-je interrogée, cette distinction honore en général des services rendus, des actes glorieux, des faits illustres allant parfois jusqu’au sacrifice suprême. L’ai-je bien méritée, qu’ai je fait sinon suivre un chemin tout tracé, un exemple vécu, un gène hérité.

Seul ce partage familial m’autorise à l’accepter et à me sentir digne de la porter.
En cet instant, en pensant à eux, mon émotion et ma fierté sont grandes.

Reconnaissance

Car c’est bien le sentiment que je souhaite exprimer à Monsieur le Président de la République qui m’a fait le très grand honneur de m’élever dans ce grade de Chevalier de la Légion d’Honneur, ce premier janvier 2010.

Les termes de son message me félicitant pour mon engagement associatif dans la santé et la solidarité me sont précieux et m’ont beaucoup touchés.
Je voudrais lui témoigner ici toute ma gratitude.

Reconnaissance que je désire vous témoigner, Madame [Simone Veil], pour la valeur ajoutée à cette décoration en acceptant de me la remettre.

Vous êtes une femme d’Exception, un autre Exemple et c’est un rêve éveillé que je vis à cet instant, d’être à vos côtés.

Femme d’exception, vous l'êtes pour tous les combats que vous avez menés au plus haut niveau, et au cœur même de l’insoutenable.

Femme d’exception vous l'êtes par Votre combat pour la Santé.
En 1976, vous posez la première pierre de notre nouvel hôpital Lapeyronie et Arnaud de Villeneuve, relaté dans la Revue "Echos et Nouvelles du CHU. Ma nomination en tant que pharmacien du groupe hospitalier Saint Eloi Guide Chauliac est annoncée dans cette même revue que j’aurais plaisir à vous remettre. C’est là que commence mon parcours professionnel et associatif sous votre Ministère.

En pionnière dans votre politique de santé, vous lancez en 1977, l’année de la Prévention dans une France où l’accès aux soins était privilégie.
Vous mettez en exergue la part assurée par la sécurité sociale dans cette prévention par le remboursement de consultations et examens de suivi médical auprès des médecins généralistes.
Vous soulignez dans un interview du Docteur François Régnier, que l’effort de prévention doit devenir un effort personnel, individuel, compris, accepté et résulté le moins possible de mesures imposées. C’est une responsabilité de chacun. Votre politique de santé est d’informer, éduquer dans la liberté totale de notre système de soins.

En 1993 Membre de la Commission des droits de l’Homme, vous vous attelez plus particulièrement au grave problème du sida.

J’ai fait le choix de citer, ces trois points de votre politique de santé, entre bien d’autres causes :

  • Aide à la Recherche en créant de nouveaux hôpitaux performants avec plateau technique de haut niveau,
  • Prévention en plaçant les Français devant la responsabilité de leur capital santé,
  • Humanitaire pour cette grande cause du sida.

Mon engagement associatif, Madame, a suivi les sillons que vous avez tracés.

Femme d’exception vous l'êtes par Votre combat pour les Femmes.
Je l’ai suivi avec l’intérêt qu’il se doit et admiré votre courage tant il est vrai qu’il est difficile d’être Femme en politique et de plus de s’imposer.

Vous vous attaquez d’abord au problème de la contraception.
Enfin, je cite le Professeur Annie Lamboley de la Faculté de Droit de Montpellier, lors d’une conférence sur « La loi Veil, autre grand tournant dans la vie des femme» un 29 avril 2005, jour anniversaire des 60 ans de leur Droit de Vote et trente ans après cette Loi :

Le grand tournant dans l’évolution du droit de l’avortement, ce fut bien évidemment la loi Veil du 17 janvier 1975 qui vit le jour après des débats passionnés devant le Parlement et un recours devant le Conseil Constitutionnel qui par une décision du 15 janvier 1975, la déclara conforme à l a Constitution.

L’apport essentiel de cette loi a été de légaliser, sous certaines conditions, l’interruption volontaire de grossesse, répondant ainsi aux revendications des mouvements féministes en faveur de la libération de la femme et à des besoins sanitaires évidents.

Cette loi fait toujours référence et sert de levier à maints événements et manifestations en faveur des femmes.

Femme d’exception vous l'êtes dans votre combat pour l’Europe.

Femme d’exception vous l'êtes dans votre vie, dans ce livre relatant cette palette de missions remplies toutes avec le même bonheur, Magistrat, Ministre, Présidente du Parlement Européen, Membre du Conseil Constitutionnel et aujourd’hui l’Académie française où règne encore à vos côtés, le souvenir de ce grand médecin humaniste, le professeur Jean Bernard qui a relevé la recherche après la guerre en 1947 et qui a fait mon engagement au sein de la Fondation pour la Recherche Médicale.

Les mots sont faibles pour vous exprimer tout mon respect.

Amitié

Car l’Amitié est bien le maître d’œuvre de cette journée.

Amitié de Geneviève Celant, femme de grande envergure, femme d’action, efficace et généreuse, allant jusqu’au bout de ses objectifs pour les autres. Nos routes se sont croisées lors d’une visite de Monsieur Nicolas Sarkozy dans cette jolie station balnéaire de Palavas les Flots. La sympathie est née immédiatement, nos parcours associatifs de solidarité en ont été le ciment et l’amitié a pris place.

Et je ne résiste pas au plaisir de lire ces phrases magnifiques de Michel de Montaigne parlant de son amitié avec La Béotie et je sais que Monsieur l’Ambassadeur Paul Blanc, y sera sensible :

Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ce ne sont qu’accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes s’entretiennent.

En l’amitié de quoi je parle, elles se mêlent et se confondent l’une en l’autre, d’un mélange si universel, quelles effacent et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes.

Si on me presse de dire pourquoi je l’aimais, je sens que cela ne peut s’exprimer qu’en répondant : parce que c’était toi Geneviève ; parce que c’était moi.

Geneviève Celant a créee avec le Docteur Michel Bourguat et le Docteur Gérard Roudil, tous trois touchés par un drame de la violence, une association pour aider les familles par un soutien moral mais aussi par un accompagnement dans les difficultés et démarches administratives face au monde froid de la justice.

L’utilité de cette association ne vous échappera pas, Madame, car vous l'écrivez dans votre livre, vous qui avez été choquée par le comportement de certains juges, vous qui avez parcouru les structures pénitentiaires avec ce double regard de magistrat et de ministre de la Santé.

Cette Amitié, Geneviève me l’a témoignée plus encore en sollicitant le Président de la République pour cette promotion et tout organisé avec la complicité de mes enfants.

Je voudrais aussi associer dans ce message son époux Jean, qui m’a lui aussi, témoigné à maintes occasions, sa fidèle et solide amitié et le remercier de son chaleureux accueil dans leur maison familiale de Vesoul.

Je te sais gré, Geneviève car tu as montré à mes enfants, souvent déçus du peu de retour sur mon engagement que la récompense peut croiser notre route et j’en profite, pour vous remercier, chers Odile et Hervé, de m’avoir accompagnés dans mes actions, certes vous n’aviez pas trop le choix, mais vous vous été engagés par la suite chacun dans une démarche similaire, témoignant d’un goût pris à la chose.

Amitié
de Christiane Kammermann

Nous nous sommes connues lors d’une conférence organisée toujours à Palavas les Flots, où intervenait Antoine Sfeir.

Madame Kammermann a longtemps vécu au Liban où son époux était médecin ophtalmologiste.
Durant toutes ses années, elle s’est dévouée pour de nombreuses causes dans ce pays déchiré.
Elle est devenue Présidente de l’Union des Français à l’étranger, depuis 2002 elle est Sénatrice en charge de ces Français expatriés et continue à travailler sans relâche au sein de nombreux pays autour de la Méditerranée.

Là encore, une respectueuse amitié est née pour moi. Christiane Kammermann m’a suivie en tant que Vice-Présidente d’une association que j’ai créée a la fin de mon mandat de Conseillère municipale, les "Elus de l’Humanitaire".

Chère Amie,
Vous avez accepté de nous accueillir ce soir, dans ce haut lieu de la République, votre maison, un écrin à la dimension de cet insigne et de vous Madame.

Je vous en remercie très sincèrement ainsi que pour votre affectueuse amitié.

Amitié
de Monique Roux

Présidente fondatrice de SOS Rétinite Pigmentaire, association reconnue d’utilité publique, se dévoue sans relâche depuis des années pour son association et la recherche dans ce domaine.

Nous nous sommes connus encore à Palavas les Flots, lorsque notre association Handialogue basée à l’institut st Pierre de Palavas, lui a remis le Prix Josette Girard, ancienne présidente nationale Inner Wheel, engagée dans le handicap sensoriel.

Plus tard à l’occasion d’un 8 mars, le Député Maire de Palavas la fera citoyenne d’honneur de la ville.
L’année suivante, alors que j’étais conseillère municipale, Madame le Docteur Hélène Mandroux a distingué Monique Roux en la faisant Citoyenne d’Honneur de la ville de Montpellier, hommage amplement méritée.

Monique Roux est absente ce soir et j’en suis aussi navrée qu’elle. Elle deviendra Officier dans l'ordre national du Mérite, ce 30 septembre des mains de Madame Roselyne Bachelot à Montpellier.
Elle m’a demandé, Madame, de vous transmettre ses très vifs regrets et de vous remercier encore d’avoir accepté de parrainer son association.

Je voudrais la remercier chaleureusement d’avoir soutenu ma demande faite auprès de vous, Madame, pour me remettre cette décoration.
Je voudrais lui exprimer en cet instant ma fidèle et chaleureuse amitié.

ET enfin ...

Amitiés de vous tous, mes Amis,

Ici présents et de ceux qui n’ont pu venir.
J’ai tout particulièrement, une pensée pour ma petite belle fille, Joumana qui n’a pu venir, restant auprès de son père, ayant subi récemment, une lourde intervention.

Nous nous sommes rencontrés là aussi tout au long de mon parcours associatif.
Et je crois que c’est cela, aussi, ce qui fait la richesse d’un engagement, outre le plaisir de donner plutôt que de recevoir, c’est également ces rencontres où naissent intérêt, partage, sympathie et Amitié.

Merci mes Amis, merci Geneviève, merci Madame.


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